Après 20 mois en immersion dans une start-up
entreprise internationale de la HR Tech, nos équipes sont allées rencontrer
notre journaliste de terrain pour vivre une journée dans le quotidien de ces hommes
et ces femmes liés par un but commun : disrupter le marché des RH.
Reportage.
Neuf heures du matin, dans un bureau près des Grands
Boulevards, notre reporter arrive sur place. Un tour de table pour saluer tous
ses collaborateurs : « Ola, hi, ciao, bonjour. Comment ils
vont les champignons ? ». Les Business Developer, ou Biz Dev,
sont une grande famille internationale. Sous l’égide de Danielo*, tous
appellent à longueur de journée des prospects dans le monde entier. Et dans
toutes les langues.
Richardo*, le vétéran hondurien de l’équipe, nous explique
dans un français parfait : « Il s’agit ni plus ni moins que d’un
conglomérat d’individualités liées par un but commun : l’émancipation de
la marque employeur des entreprises par les ressources humaines. Nous
sommes un peu les irréductibles gaulois du recrutement, » ajoute-t-il, tout
content de placer une référence à la culture française qu’il connaît sur le
bout des doigts.
A côté, Vincento* enchaîne un 75e coup de téléphone
à un prospect. Il est 9h34. Débarque alors un personnage bien connu dans l’entreprise :
Skandar*. Occupant un poste plutôt flou dans l’équipe technique, il vient
pavaner pour sa victoire sur le jeu Mon Petit Gazon. Trois semaines après la
fin du championnat. « Vous faites un reportage ? », nous demande-t-il,
impressionné. « N’oubliez pas de bien préciser que je suis le champion
de MPG ! Et du ping-pong ! Et lui là, il m’imite trop mal, »
assène-t-il en riant, tout en replaçant ses lunettes sur ses yeux avec son
index.
« C’est irréel », « à dem’s », « Môman »
Toute la matinée, l’open space résonne des différentes conversations
avec les prospects et/ou les clients. Sur le bureau d’à côté, les Customer
Success Managers sont en charge de manager les clients existants. Fabrice*,
leur manager, veille à ce que chacun mette sa petite pièce dans la tirelire des
gros mots à chaque écart de langage. Pour le non-initié, les mots et expressions
employés peuvent être un peu perturbants.
« On a tous nos petits tics de langages mais il arrive
que même pour des expressions très simples, on ne se comprenne pas, » détaille
Sébastien*, ancien CSM reconverti en commercial. « Moi je viens de la plus
belle ville de France (Lyon, ndlr), parfois j’ai l’impression que les autres ne
me captent pas, c’est irréel. » Son compère Lyonnais Bob* part à
ce moment en rendez-vous. « A dem’s » lance-t-il à la cantonade.
Cela signifie « A demain » nous expliquera Jean-Paul*, son
collaborateur. Ce dernier ne pourra d’ailleurs pas répondre à nos questions, « Je
déjeune avec Môman, » justifie-t-il. C’est ainsi qu’il désigne sa
petite amie, mais aussi celles des autres. Une habitude étonnante que nos
reporters attribueront à ses origines picardes.
Plus que les expressions, le vocabulaire technique n’est pas
à la portée du tout-venant. On parle de « churn », de « pipe »
(en anglais), de « renew » ou « d’ACV ». Des mots que nos
équipes n’ont toujours pas réussi à bien comprendre. « Personne ne
comprend vraiment ce que ça veut dire, » rassure Julian*, l’un des
plus anciens commerciaux de l’équipe. « Mais ça nous fait marrer de
sortir ces mots-là en rendez-vous et de voir les réactions des gens. Une
fois, j’ai fait un rendez-vous de 2h30 avec une grande boîte juste pour en
caser un maximum ! »
Jean-Sébastien Bach, Yoda et le Beaujolais Nouveau
Pour vendre leurs produits aux clients, encore faut-il qu’ils
soient conçus. C’est le rôle de l’équipe technique qui œuvre jour et nuit pour
délivrer les solutions dans les temps. Pour réussir cette performance physique,
les développeurs sont soumis à un régime très strict, digne des plus grands
sumotoris. « On est facilement sur du 4000, 5000 calories par jour, »
évalue Michael*, le leader gastronomique de l’équipe. « On a un
programme clair : McDonalds, Kebab, Pizza, Burger. Parfois, deux dans la
même journée. On ne peut pas se permettre de manger ailleurs, »
martèle-t-il. Dans l’open space, beaucoup d’éléments de décoration « geek » :
un Pokémon, une figurine Yoda, un Rubik’s Cube. Hugues*, développeur mobile, se
veut rassurant : « Non mais ça, c’est pour faire croire. En
vrai, je suis passionné de danses culturelles amérindiennes mais c’est trop
compliqué à expliquer. Alors je me réfugie derrière ces éléments de pop-culture
accessibles à tous, » explique-t-il tout en exécutant l’une de ces
danses qui consiste à se frapper le ventre en hululant.
En sortant, nous nous faufilons au milieu des milliers de
post-it qui jonchent les bureaux de l’équipe produit pour monter dans le saint
des saints : la mezzanine. Plusieurs équipes siègent dans ce bureau, à
commencer par la direction de l’entreprise, ainsi que le marketing, la
comptabilité et les ressources humaines. Tout ce petit monde partage un espace
confiné mais tout est optimisé pour que chacun trouve sa place. « Tout
s’agence comme une belle partition, » schématise Jean-Baptiste*, en fermant
l’un de ses 84 onglets sur son ordinateur. « Les différentes équipes
interagissent en harmonie telle une cantate de Jean-Sébastien Bach ».
Guilia*, avec un superbe t-shirt « I ❤️ Beaujolais Nouveau », est
en quête des prochains talents qui rejoindront l'entreprise.
La journée se termine et il temps d’aller prendre un verre à
« La Grotte » surnom donné à un bar proche qui « est confiné,
dans le noir et où ne capte pas, » rappelle Sébastien*. Avant de partir, Imène* nous propose de faire
un Burger Quizz, jeu inspiré de l’émission célèbre d’Alain Chabat mais il est
déjà 18h et de toute façon, il n’y a pas de salle disponible. Notre reporter
quitte les lieux le cœur un peu serré. Mais la tête pleine de bons souvenirs et de moments partagés entre amis entre ces murs, le temps d'une aventure dans le marché des RH.
*tous les prénoms ont été modifiés.