vendredi 13 décembre 2019

La HR Tech a un incroyable Talent


Après 20 mois en immersion dans une start-up entreprise internationale de la HR Tech, nos équipes sont allées rencontrer notre journaliste de terrain pour vivre une journée dans le quotidien de ces hommes et ces femmes liés par un but commun : disrupter le marché des RH. Reportage.

Neuf heures du matin, dans un bureau près des Grands Boulevards, notre reporter arrive sur place. Un tour de table pour saluer tous ses collaborateurs : « Ola, hi, ciao, bonjour. Comment ils vont les champignons ? ». Les Business Developer, ou Biz Dev, sont une grande famille internationale. Sous l’égide de Danielo*, tous appellent à longueur de journée des prospects dans le monde entier. Et dans toutes les langues.

Richardo*, le vétéran hondurien de l’équipe, nous explique dans un français parfait : « Il s’agit ni plus ni moins que d’un conglomérat d’individualités liées par un but commun : l’émancipation de la marque employeur des entreprises par les ressources humaines. Nous sommes un peu les irréductibles gaulois du recrutement, » ajoute-t-il, tout content de placer une référence à la culture française qu’il connaît sur le bout des doigts.

A côté, Vincento* enchaîne un 75e coup de téléphone à un prospect. Il est 9h34. Débarque alors un personnage bien connu dans l’entreprise : Skandar*. Occupant un poste plutôt flou dans l’équipe technique, il vient pavaner pour sa victoire sur le jeu Mon Petit Gazon. Trois semaines après la fin du championnat. « Vous faites un reportage ? », nous demande-t-il, impressionné. « N’oubliez pas de bien préciser que je suis le champion de MPG ! Et du ping-pong ! Et lui là, il m’imite trop mal, » assène-t-il en riant, tout en replaçant ses lunettes sur ses yeux avec son index.

« C’est irréel », « à dem’s », « Môman »

Toute la matinée, l’open space résonne des différentes conversations avec les prospects et/ou les clients. Sur le bureau d’à côté, les Customer Success Managers sont en charge de manager les clients existants. Fabrice*, leur manager, veille à ce que chacun mette sa petite pièce dans la tirelire des gros mots à chaque écart de langage. Pour le non-initié, les mots et expressions employés peuvent être un peu perturbants.

« On a tous nos petits tics de langages mais il arrive que même pour des expressions très simples, on ne se comprenne pas, » détaille Sébastien*, ancien CSM reconverti en commercial. « Moi je viens de la plus belle ville de France (Lyon, ndlr), parfois j’ai l’impression que les autres ne me captent pas, c’est irréel. » Son compère Lyonnais Bob* part à ce moment en rendez-vous. « A dem’s » lance-t-il à la cantonade. Cela signifie « A demain » nous expliquera Jean-Paul*, son collaborateur. Ce dernier ne pourra d’ailleurs pas répondre à nos questions, « Je déjeune avec Môman, » justifie-t-il. C’est ainsi qu’il désigne sa petite amie, mais aussi celles des autres. Une habitude étonnante que nos reporters attribueront à ses origines picardes.

Plus que les expressions, le vocabulaire technique n’est pas à la portée du tout-venant. On parle de « churn », de « pipe » (en anglais), de « renew » ou « d’ACV ». Des mots que nos équipes n’ont toujours pas réussi à bien comprendre. « Personne ne comprend vraiment ce que ça veut dire, » rassure Julian*, l’un des plus anciens commerciaux de l’équipe. « Mais ça nous fait marrer de sortir ces mots-là en rendez-vous et de voir les réactions des gens. Une fois, j’ai fait un rendez-vous de 2h30 avec une grande boîte juste pour en caser un maximum ! »

Jean-Sébastien Bach, Yoda et le Beaujolais Nouveau

Pour vendre leurs produits aux clients, encore faut-il qu’ils soient conçus. C’est le rôle de l’équipe technique qui œuvre jour et nuit pour délivrer les solutions dans les temps. Pour réussir cette performance physique, les développeurs sont soumis à un régime très strict, digne des plus grands sumotoris. « On est facilement sur du 4000, 5000 calories par jour, » évalue Michael*, le leader gastronomique de l’équipe. « On a un programme clair : McDonalds, Kebab, Pizza, Burger. Parfois, deux dans la même journée. On ne peut pas se permettre de manger ailleurs, » martèle-t-il. Dans l’open space, beaucoup d’éléments de décoration « geek » : un Pokémon, une figurine Yoda, un Rubik’s Cube. Hugues*, développeur mobile, se veut rassurant : « Non mais ça, c’est pour faire croire. En vrai, je suis passionné de danses culturelles amérindiennes mais c’est trop compliqué à expliquer. Alors je me réfugie derrière ces éléments de pop-culture accessibles à tous, » explique-t-il tout en exécutant l’une de ces danses qui consiste à se frapper le ventre en hululant.

En sortant, nous nous faufilons au milieu des milliers de post-it qui jonchent les bureaux de l’équipe produit pour monter dans le saint des saints : la mezzanine. Plusieurs équipes siègent dans ce bureau, à commencer par la direction de l’entreprise, ainsi que le marketing, la comptabilité et les ressources humaines. Tout ce petit monde partage un espace confiné mais tout est optimisé pour que chacun trouve sa place. « Tout s’agence comme une belle partition, » schématise Jean-Baptiste*, en fermant l’un de ses 84 onglets sur son ordinateur. « Les différentes équipes interagissent en harmonie telle une cantate de Jean-Sébastien Bach ». Guilia*, avec un superbe t-shirt « I ❤️ Beaujolais Nouveau », est en quête des prochains talents qui rejoindront l'entreprise.

La journée se termine et il temps d’aller prendre un verre à « La Grotte » surnom donné à un bar proche qui « est confiné, dans le noir et où ne capte pas, » rappelle Sébastien*.  Avant de partir, Imène* nous propose de faire un Burger Quizz, jeu inspiré de l’émission célèbre d’Alain Chabat mais il est déjà 18h et de toute façon, il n’y a pas de salle disponible. Notre reporter quitte les lieux le cœur un peu serré. Mais la tête pleine de bons souvenirs et de moments partagés entre amis entre ces murs, le temps d'une aventure dans le marché des RH.

*tous les prénoms ont été modifiés.