jeudi 3 novembre 2016

The Chicago Cubs are World Series Champions

Rassurez-vous, je ne suis pas reparti au Canada.

Si j'écris ces lignes aujourd'hui, c'est que je n'arrive pas à contenir mon amour pour le sport que l'on pratique de l'autre côté de l'Atlantique. Pendant que la plupart d'entre vous, je l'espère dormait, un fait exceptionnel, historique même, se déroulait dans la "petite" ville de Cleveland dans l'Ohio : les Chicago Cubs ont gagné le championnat de baseball des Etats-Unis, sobrement nommé les "World Series" en battant les Cleveland Indians, chez eux.

Je vous entends d'ici : "Ok mais ça arrive tous les ans non ce championnat ? En plus le baseball, il ne se passe jamais rien pendant les matches." Et c'est bien à cause de ce genre de réflexion que je me vois obligé de prendre la plume (le clavier ?..) aujourd'hui. Non, ça n'arrive pas tous les ans que les Chicago Cubs gagnent. Non, il ne se passe pas rien dans un match de baseball, encore moins dans celui-ci.

Les Chicago Cubs n'avaient plus gagné le titre en Major League Baseball (MLB) depuis 1908. Je ne me trompe pas dans les chiffres. 1-9-0-8. Cent huit ans. Cent huit ans que les Cubs sont devenus presque une blague dans le sport américain. "Quand les Cubs gagneront les World Series" pourrait être l'équivalent du "quand les poules auront des dents". Pouvait, pas pourrait. Depuis hier soir la malédiction a pris fin. Imaginez que votre grand-père n'était probablement pas né la dernière fois que les Cubs ont gagné. Feu mon arrière-grand-mère, paix à son âme, avait trois ans en 1908.

La beauté des sports américains réside aussi dans ces séries de matches qui déterminent un vainqueur en quatre matches gagnants et non un match unique, l'apogée de ce système étant le match 7 où le gagnant l'emporte forcément. Après avoir perdu 3 rencontres, les Cubs n'avaient plus le droit à la moindre erreur. Et ils l'ont fait. Quand le monde s'attendait à les voir craquer aux portes du titre, ils ont effacé ce déficit pour l'emporter dans l'ultime match, l'ultime manche, en prolongations, au bout du bout du bout de l'effort.

Les médias, les fans, les joueurs même, parlaient de ce match 7 comme du match le plus attendu de l'histoire de ce sport. Je ne vous ferai pas le résumé du match, peu d'entre vous le comprendrait. Mais on a vu tout ce que le baseball, et le sport en général, peut offrir comme émotion. Un point marqué d'entrée de jeu, une avance large pour Chicago, puis des erreurs, Cleveland qui égalise en toute fin de match pour arracher la prolongation. Avant que la pluie n'interrompe la chute de Chicago puis que les Cubs ne donnent le dernier coup de collier pour la victoire. Quatre heures folles qui ont fait vibrer les Etats-Unis, à quelques jours d'un vote crucial pour leur avenir, comme rarement ils avaient vibré.

L'histoire était trop belle pour Cleveland. Leur équipe de basket-ball venait déjà de gagner le titre national cette année avec le retour de la méga-star LeBron James, lui le natif de Cleveland. Etait-ce trop demander aux Dieux du baseball que d'obtenir un titre majeur la même année, eux qui attendaient ce moment depuis 1948, certes moins que Chicago mais tout de même ? Peut-être. L'Histoire devait s'écrire. La malédiction devait se lever. Chicago devait revoir l'une des ses équipes de baseball (les White Sox évoluent également à Chicago) trôner sur le monde du baseball. 108 ans plus tard.

N'est-ce pas là le parfait cliché de ce que représentent les Etats-Unis hors de leurs frontières ? La dramatisation, la mise en scène, le spectacle ? Oui, le sport est un spectacle. Un spectacle lucratif, personne ne s'en cache. Mais ces émotions sont uniques. Uniques et légères. Personne n'est décédé, personne n'a souffert physiquement, il n'y a pas eu de maison détruite, de ville bombardée. Oui, de la tristesse il y en a forcément pour les supporters de Cleveland. Mais ce n'est que du sport. Et cela, les Américains l'ont compris bien mieux que nous autres européens, encore bien réticents à considérer ce sport et ses millions d'euros comme un plaisir et un spectacle, pas "11 idiots qui courent derrière une balle."

Vous n'allez pas repartir de là sans voir quelques images ? Bon, même si vous n'y entendez rien, sachez que c'est en éliminant le dernier joueur adverse que Chicago a gagné ce match, l'image n'est pas forcément impressionnante. Sentez plutôt l'émotion dans la voix des commentateurs.
Peut-être dans quelques années quelqu'un vous parlera de cet événement, pourquoi pas aux Etats-Unis. Si cela arrive, faites moi le plaisir de répondre : "Mais oui, je me souviens très bien. Quel incroyable moment, 108 ans sans victoire vous imaginez ?" Cela voudra dire que j'aurai bien fait mon travail.

#FlyTheW